Clément BEAUNE

Adjoint à la Maire de Paris en charge des droits humains, de l'intégration et de la lutte contre les discriminations (France)
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Madame la ministre, chère Isabelle Rome, Monsieur le député européen, cher Pierre Karleskind, Monsieur l’adjoint à la maire de Paris, cher Jean-Luc Romero, Monsieur l’Ambassadeur, cher Jean-Marc Berthon, Mesdames et Messieurs,

Je ne dirai que quelques mots, car je ne suis pas venu en tant que ministre des transports ou même en tant qu’ancien ministre des affaires européennes. Je ne suis pas venu en tant que député d’une très belle circonscription qui nous entoure, je ne suis pas venu en tant qu’homosexuel. Je suis tout cela à la fois, comme nos identités sont riches et multiples, et nos combats divers ; ils nous définissent et nous engagent. Et je voulais simplement être avec vous pour vous remercier, saluer ces engagements et apporter une petite contribution d’espoir et de soutien dans ce combat si juste et si difficile.

Quand on regarde la situation, qui a été décrite en quelques mots, on sait que 68 pays encore aujourd’hui pénalisent l’homosexualité : la majorité des pays d’Afrique, la moitié des pays d’Asie. Comme cela a été dit, en Europe même, des reculs se produisent. Cher Pierre, nous l’avons parfois vécu et combattu ensemble. Cette leçon européenne est importante, je crois, parce qu’elle montre que cette réalité est difficile, que le combat n’est jamais gagné, mais que ce n’est jamais non plus une fatalité.

Beaucoup ici ont défendu le combat contre les zones anti-LGBT par la mobilisation des villes, des associations, de l’État, de nombreux individus, et un certain nombre de victoires ont été enregistrées. Il ne faut jamais renoncer à dénoncer, à combattre, à s’engager. Vous le faites dans beaucoup de pays dont vous représentez aujourd’hui les couleurs avec un courage extraordinaire, parce que c’est plus difficile là-bas qu’ici, mais c’est à la fin le même combat.

Mais quand on sait que dans notre pays même, celui des lumières, des libertés, des droits, il y a, comme l’a rappelé Jean-Luc Romero, seulement 40 ans, un tout petit peu plus à peine aujourd’hui, l’homosexualité restait en partie pénalisée, que les descentes de police étaient encore à quelques centaines de mètres d’ici des réalités. Et nous rendons hommage évidemment à Robert Badinter, qui ne peut pas être présent, mais qui, je crois, s’exprimera dans un instant. Et je crois que nous pensons aussi tous à Gisèle Halimi, qui a porté, parmi d’autres, avec courage ce combat, comme beaucoup d’autres combats pour les droits dans notre pays.

Mon dernier mot sera pour dire que, si j’insiste sur cette identité multiple, diverse, c’est que la haine, comme l’égalité, est toujours un bloc. Les discriminations, les injustices vont toujours de pair, et quand on combat pour la dépénalisation de l’homosexualité, quand on combat cette discrimination et cette haine, c’est le même combat que celui qui est le combat des droits des femmes, qui est le combat contre le racisme ou l’antisémitisme. C’est la même haine, c’est le même engagement, et, quel que soit le morceau et la parcelle de combat qu’on ait choisis, nous sommes, je crois, des combattantes et des combattants de l’égalité.

C’est important d’être ensemble, c’est important de le rappeler, c’est important de le souligner, et évidemment, je veux saluer tout particulièrement l’ADUH, Stop Homophobie et beaucoup des associations que vous représentez pour le courage, la détermination et l’engagement. On se devait d’être avec vous ce soir, je crois. Merci beaucoup.

[Applaudissements]