Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Malaisie

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Les personnes LGBTQ+ en Malaisie subissent une répression pénale croissante, des arrestations massives, des violences et tortures, des thérapies de conversion forcées, et des violences extra-judiciaires incitées par une rhétorique anti-LGBT des autorités.

1. Données générales

Entre 2000 et 2023, ILGA World a identifié au moins 38 cas de répression pénale visant principalement des femmes trans et des personnes d’expression de genre féminine, bien que ce chiffre soit probablement bien plus élevé. En incluant des rapports de femmes trans arrêtées plusieurs fois, le nombre de cas connus atteint entre 111 et 123.

En Malaisie, diverses orientations sexuelles et identités de genre sont criminalisées par la loi fédérale et par des lois islamiques spécifiques à chaque État. En 2023, il existait au moins 52 lois islamiques criminalisant les personnes LGBTQ+. Entre 2020 et 2022, des efforts ont été faits pour durcir les peines contre les actes homosexuels, potentiellement jusqu’à la peine de mort dans certains États.

Les autorités locales ont intensifié les mesures répressives, augmentant les arrestations et la marginalisation des personnes LGBTQ+. Plusieurs fatwas ayant force de loi ont été émises, affectant principalement les musulmans, mais aussi les non-musulmans via des actions de « surveillance morale ».

2. Arrestations

De nombreux cas d’arrestations de personnes LGBTQ+ ont été documentés ces dernières années en Malaisie. Parfois, ces arrestations sont massives et ont lieu dans le cadre de raids organisés. Le nombre d’arrestations est en hausse ces dernières années, en raison de la rhétorique de plus en plus anti-LGBT des dirigeants politiques.

« En janvier et février 2022, au moins 70 personnes ont été arrêtées dans le Kelantan avec l’entrée en vigueur de la loi de 2019 sur le Code pénal de la charia du Kelantan, qui a élargi les dispositions pénales pour inclure les actes homosexuels entre femmes et « l’usurpation l’identité du sexe opposé » entre hommes et femmes ».

3. Violence et torture

Les personnes LGBTQ+ sont parfois condamnées à recevoir jusqu’à 6 coups de fouets.

« Le 12 août 2018, le tribunal de la charia de Terengganu a condamné deux femmes qui avaient plaidé coupable de relations sexuelles entre personnes de même sexe à six coups de fouet chacune, ainsi qu’à une amende de 3 300 ringgit (805 dollars à l’époque) »

4. Thérapies de conversion

Les thérapies de conversion sont largement utilisées en Malaisie dans les familles, les écoles et les groupes religieux islamiques et chrétiens, ainsi que par le biais d’un certain nombre de programmes parrainés par le gouvernement.

En 2019, un militant local a informé ILGA World que les personnes assignées homme à la naissance qui « ont une voix douce » et ceux qui « s’habillent de manière non-masculine » auraient été forcé.es de participer à des « camps de conversion » pour changer leur comportement sexuel et leur orientation.

En juin 2021, le Premier ministre malaisien a informé le Parlement que, depuis 2011, au moins 1 733 personnes avaient été envoyées dans des « camps de réhabilitation » gérés par le Département du développement islamique pour « les remettre sur les rails ». 

5. Revictimisation

Plusieurs cas ont été documentés dans lesquels les victimes ne s’adressent pas à la police ou ne portent pas plainte contre leurs agresseurs par crainte d’être à nouveau victimisées, arrêtées ou soumises à des représailles.

6. Violence extra-judiciaire

La rhétorique morale négative des représentants du gouvernement alimente la haine des personnes LGBTQ+ et incite à la violence envers ces personnes.

Il a été signalé que des groupes d’autodéfense « arrêteraient » des personnes soupçonnées d’être homosexuelles ou transgenre et les soumettraient à des violences physiques ou sexuelles au lieu de les remettre aux autorités.

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