Rapport sur les persécutions des personnes LGBTQI+ au Bangladesh : un niveau de violence alarmant

Persécutions des personnes LGBTQI+ au Bangladesh

Shahanur Islamaris, Avocat et blogueur bangladais fondateur de la JMBD et de la JMBDF
Paris, France ; 18 décembre 2023

Initiative novatrice : le premier rapport complet de Justicemakers sur les droits LGBTQI+ au Bangladesh en 2022

Dans le cadre d’une initiative novatrice, JusticeMakers Bangladesh en France (JMBF) a publié le tout premier rapport complet sur l’état des droits des personnes LGBTQI+ au Bangladesh pour l’année 2022, en mettant l’accent sur la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+. Le rapport, méticuleusement compilé par JusticeMakers Bangladesh (JMBD), met en lumière les luttes éprouvantes menées par la communauté LGBTQI+ au Bangladesh, offrant une description brutale de la discrimination et de la violence omniprésentes à l’encontre des groupes de minorités sexuelles.

L’avocat Shahanur Islam, secrétaire général fondateur de la JMBD et président fondateur de la JMBF, exprime un profond mélange d’inquiétude et de détermination dans l’avant-propos du rapport, soulignant l’obligation solennelle de l’organisation de combattre et de corriger les injustices qui frappent la communauté LGBTQI+ au Bangladesh.

Le rapport, rédigé à Paris (France) et publié le 18 décembre 2023 par le biais d’un communiqué de presse, souligne la gravité de la situation, puisqu’il s’agit de la première étude de ce type à documenter avec précision les violations commises à l’encontre de la communauté LGBTQI+ au Bangladesh. Avant cette initiative, aucune organisation, que ce soit au Bangladesh ou sur la scène internationale, n’avait osé fournir une perspective aussi complète sur les difficultés rencontrées par la communauté LGBTQI+ au Bangladesh.

L’avocat Shahanur Islam s’engage solennellement à remédier aux injustices et souligne la responsabilité collective des décideurs politiques, des législateurs, des acteurs de la société civile et des dirigeants communautaires dans l’instauration d’un changement positif.

Étude détaillée : 51 incidents de violence documentés en 2022

Le rapport fait état de 51 incidents de violence contre des personnes LGBTQI+ en 2022, qui ont fait 204 victimes. Ces incidents ont donné lieu à toute une série d’atrocités : meurtres, agressions physiques, abus psychologiques, tentatives de suicide, licenciements, enlèvements, détentions, harcèlement, rançons et extorsions, falsification d’affaires, arrestations, mariages forcés, thérapies de conversion, chantage, etc.

Le rapport reconnaît notamment que le nombre réel d’incidents pourrait être plus élevé, car de nombreuses violations ne sont pas signalées en raison de la répression sociale et du fait qu’elles se produisent dans des espaces privés, tels que des domiciles, des bureaux, des établissements scolaires et des lieux de travail, et échappent souvent à l’attention des médias.

Au cours de la période couverte par le rapport, 11 incidents ont entraîné la mort tragique de 11 personnes, ce qui illustre les graves conséquences de la violence prévalente dans le pays. En outre, lors de 3 cas de tentatives de suicide, 5 personnes se sont retrouvées en proie au désespoir, ce qui démontre que la communauté LGBTQI+ est confrontée à des répercussions alarmantes en termes de santé mentale.

Les agressions physiques se sont révélées être un schéma répétitif inquiétant, avec 16 incidents ayant fait 148 victimes. En particulier, trois incidents distincts ont conduit au licenciement de trois enseignants différents, ce qui montre les répercussions sur les conditions de vie au sein de la communauté.

Les enlèvements et les détentions ont également jeté une ombre sur la communauté : six incidents distincts ont entraîné l’enlèvement de neuf personnes appartenant à des minorités et quatre autres incidents ont conduit à la détention de dix personnes par de puissants groupuscules locaux et par la police.

Le rapport met aussi en lumière la vulnérabilité de la communauté LGBTQI+ face au harcèlement physique et psychologique, 17 personnes appartenant à des minorités sexuelles et de genre ayant été victimes de tels abus lors de 9 incidents distincts.

Une dimension surprenante de la violence a été mise en évidence par cinq incidents au cours desquels des personnes appartenant à des minorités sexuelles ont été victimes de rançons, soulignant ainsi l’extorsion et l’exploitation auxquelles est confronté ce groupe marginalisé.

Conséquences tragiques : répercussions mortelles et attaques sur la santé mentale

Tragiquement, 7 personnes ont mis fin à leurs jours lors de 6 incidents distincts, ce qui reflète l’impact profond de la discrimination et de la violence sociétales sur le bien-être mental des personnes LGBTQI+.

Lors de deux autres incidents, des personnes se sont retrouvées en captivité et soumises à un chantage, ce qui souligne l’ampleur de la cruauté à laquelle sont confrontées certaines personnes au sein de la communauté.

Le rapport révèle également des cas de fausses accusations et d’affaires montées de toutes pièces, lors de 9 incidents ayant impliqué 17 personnes LGBTQI+. En outre, sept affaires ont abouti à l’arrestation et à l’incarcération de 15 personnes, mettant en évidence les ramifications juridiques et les vulnérabilités auxquelles la communauté est confrontée.

La répartition géographique des incidents révèle que les cas sont majoritairement concentrés dans la division de Dhaka, où se sont produits 22 incidents, suivie de la division de Chittagong, où se sont déroulés 9 incidents, puis de la division de Rajshahi, où ont eu lieu 7 incidents. Malgré le faible nombre d’incidents, c’est dans la division de Rajshahi que le nombre de victimes a été le plus élevé, ce qui démontre l’échec des forces de l’ordre à assurer la sécurité des personnes LGBTQI+ dans les zones densément peuplées.

Le rapport se penche sur les caractéristiques démographiques des victimes, révélant que parmi elles, 18 étaient des femmes lesbiennes, 13 des hommes homosexuels, et 173 des personnes transgenres. Le rapport fournit également une analyse des types de violence uniques et multiples et détaille les motivations et les facteurs ayant conduit à ces actes horribles.

En outre, le rapport explore les impacts et les conséquences de la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+, qui se traduisent par des blessures physiques, des complications de santé, un risque accru d’infections sexuellement transmissibles (IST), des lésions cérébrales traumatiques et des conséquences à long terme sur la santé. Les séquelles psychologiques se manifestent quant à elles sous la forme de dépression, d’anxiété, de manque d’estime de soi et même d’idées suicidaires.

Appel à l’action : recommandations clés pour lutter contre la violence envers la communauté LGBTQI+

Face à ces défis, les personnes LGBTQI+ au Bangladesh sont confrontées à la discrimination et à la violence dans divers aspects de la vie quotidienne, notamment l’éducation, l’emploi, l’accès aux soins et le logement. La criminalisation des relations sexuelles homosexuelles consensuelles en vertu de l’article 377 du code pénal les rend également vulnérables à la persécution juridique et aux agressions.

Le rapport se termine par une série de recommandations visant à lutter contre la violence, notamment par des réformes juridiques, par des initiatives politiques, par des campagnes de sensibilisation et de plaidoyer, par l’éducation et la formation, par la mise en place de systèmes de soutien et d’espaces sûrs, par la collaboration et les partenariats, ainsi que par la coopération internationale.

Alors que le monde est confronté au besoin urgent d’inclusivité et d’acceptation, ce rapport constitue un appel crucial à l’action, exhortant les gouvernements, les décideurs politiques, les acteurs de la société civile et les dirigeants communautaires à s’unir dans la poursuite de la justice, de l’égalité et d’un avenir où les personnes LGBTQI+ peuvent vivre sans craindre la discrimination et la violence.

ADUH Logo

Association pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité