Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité au Kenya

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Au Kenya, les personnes LGBTQ+ sont confrontées à des persécutions généralisées, comprenant des arrestations arbitraires, des extorsions, des violences sociales et extra-judiciaires, ainsi que des menaces constantes, amplifiées par une rhétorique politique hostile et la proposition de lois renforçant la criminalisation de l’homosexualité et de l’identité de genre diverse.

1. Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité au Kenya : données générales

Entre 2009 et 2023, ILGA World a identifié environ 18 exemples apparents d’attaques de la part de l’État. Les chiffres réels ne sont pas forcément représentatifs : en effet, de nombreuses personnes au Kenya ne sont pas inculpées en vertu de dispositions interdisant les relations sexuelles entre personnes de même sexe, mais sont souvent accusées d’ivresse, de vagabondage, de sollicitation, d’usurpation d’identité ou de prostitution. Parfois, ces personnes ne sont pas inculpées du tout et sont plutôt victimes de chantage et d’extorsion de la part de la police.

Des persécutions envers les personnes LGBTQ+ s’inscrivent dans le contexte d’une rhétorique politique violemment homophobe. En avril 2023, le député Peter Kaluma a soumis à l’Assemblée nationale un projet de loi interdisant la promotion et l’organisation de SOGIESCS, l’éducation sexuelle complète à tous les niveaux scolaires et les soins de santé d’affirmation de genre pour les personnes transgenres. Il aurait également étendu la peine actuelle de 14 ans pour les actes homosexuels à « l’emprisonnement à vie ou la mort ».

Même le fait de s’identifier publiquement en tant que LGBTQI+ ou de porter les couleurs de la Fierté pourrait être puni par la loi, tandis que les demandeur.euses d’asile et les réfugié.es de diverses orientation sexuelle et/ou identité de genre pourraient être expulsé.es du pays. Depuis l’introduction de ce projet de loi, un certain nombre de personnes LGBTQ+ au Kenya ont affirmé que les menaces et le harcèlement auxquels iels sont confrontés ont augmenté, certains craignant pour leur vie.

2. Arrestations et détentions arbitraires

Plusieurs cas d’arrestations et de détentions arbitraires envers des personnes en raison de leur identité de genre et/ou orientation sexuelle réelle ou supposée ont été documentés ces dernières années au Kenya. Les personnes trans et de diverses identités de genre ont des niveaux plus élevés d’interaction avec la police. Dans certains cas, iels peuvent faire l’objet de harcèlement et d’arrestation simplement parce qu’iels ont fait un coming out en public en tant que personne transgenre.

3. Extorsion

Certaines victimes ont rapporté avoir été contraintes de verser des pots-de-vin considérables pour obtenir leur libération et éviter d’être traduites en justice. Un rapport de Human Rights Watch en 2015 a mis en lumière plusieurs incidents de détention, souvent déclenchés par des dénonciations de voisin.es ou initiés par des responsables de l’application des lois cherchant à extorquer de l’argent.

4. Intolérance sociale et violences extra-judiciaires

Au Kenya, les personnes LGBTQ+ font face à des situations de menaces, de harcèlement et de violence de la part de la société. De plus, depuis le projet de loi de 2023, ces situations auraient augmenté, certaines personnes craignant pour leur vie.

« En août 2020, deux autres hommes soupçonnés d’être homosexuels ont été agressés par leurs voisins avant d’être arrêtés par la police ».

Les personnes transgenre et intersexuées sont extrêmement stigmatisées au Kenya, si bien qu’elles subissent des discriminations systématiques se traduisant par un déni d’opportunités, une exclusion de la société et des situations de violence.

« En novembre 2022, les forces de l’ordre du comté de Migori ont arrêté une personne qui semble être une femme trans, bien que les médias aient rapporté qu’il s’agissait d’un « travesti » et d’un « imitateur de femme ». Des habitant.es se sont rassemblé.es au poste de police, soupçonnant, sans preuve, que la personne arrêtée pourrait être liée à de récents meurtres en série dans la région. La foule a exigé que les autorités leur livrent la personne pour qu’elle soit lynchée, et leurs appels se sont rapidement intensifiés au point que la police anti-émeute a été forcée de les disperser ».

5. Chasse aux minorités sexuelles

Un exemple révélateur de la persécution de chasse aux minorités sexuelles est survenu en mai 2019, lorsque le commissaire adjoint du comté de Kiambu a annoncé des enquêtes sur des allégations d’une augmentation de l’homosexualité, avec la promesse d’arrêter et de poursuivre les personnes impliquées.

Ressources :