Grace Isong Akpan
Directrice exécutive de Initiative for Gender Equality in Sexual and Reproductive Health au NigeriaAccueil »
Grace Isong Akpan est la directrice exécutive de l’organisation Initiative for Gender Equality in Sexual and Reproductive Health (IGE SRH) au Nigeria. Engagée pour la défense des droits humains et la santé sexuelle et reproductive, elle milite pour l’inclusion sociale et économique des communautés LGBTQI+.
Grace Isong Akpan a mené sa présentation sur la pénalisation de l’homosexualité au Nigéria et son impact sur la communauté LGBTQI+ dans le pays.

English
The criminalisation of homosexuality in Nigeria and its impact on the LGBTQI+ community in the country.
Good evening to all. Greetings from Nigeria, where I am the Executive Director of the Initiative for Gender Equality and Sexual Reproductive Health. This is a youth-led feminist organization dedicated to defending the dignity, health and rights of sexual and gender minorities that have been criminalized and dehumanized for too long.
A crime against humanity is more than just a sentence. For LGBTI people in Nigeria, criminalisation is a daily experience that deprives us of our humanity, restricts our movements, our expression, our relationships, our access to health care, our ability to act economically and our right to exist.
In 2014, Nigeria enacted the Same Sex Marriage Prohibition Act, SSMPA, which goes beyond the prohibition of same-sex unions. It criminalizes any form of association, support or advocacy for LGBTI rights, with penalties of up to 14 years in prison. In northern Nigeria, they face the death penalty.
This law is widely used by police militias and even neighbours to harass, blackmail, arrest and assault LGBTQIA individuals and organizations. I will share some documented examples of violations after this has happened.
In July 2022, sixty young LGBTI organized persons were arrested at a private party in Headband, Delta State, falsely accused of attending a gay wedding. They have been detained, parodied and humiliated in public, violating their privacy, dignity and right to freedom of association.
In August 2003, two transgender women were arrested in Lagos and subjected to forced anal examinations, a practice condemned as a form of torture by the UN. No one has been held responsible for this act.
In a study conducted by the Equal Rights Initiative in 2024. More than 73% of LGBT Nigerians have reported experiencing verbal, emotional, physical and sexual violence because of their identity and more than 90% did not report it to the authorities for fear of being arrested.
In 2024, in September, organizations in Nigeria were clapped down due to the SAMOA agreement signed by the European Union and OCP countries, including Nigeria. It included provisions for the protection of human rights, democratic principles and gender equality in line with the UN’s sustainable development goals.
But here is the contradiction. How can a state like Nigeria commit to respecting international treaties? Can it continue to prosecute its own citizens on the basis of sexual orientation and gender identity? How can we talk about partnership and progress when our communities are excluded from education, health care, employment, justice simply because of what they are?
The Nigerian government has claimed that the SAMOA agreement undermines its cultural values, but it does not recognize that there is no culture in the world where violence is present. Culture should not be used as a weapon to justify criminalisation. Sovereignty should not be used to cover up systematic oppression.
Our organization has tried to make sure that we don’t remain silent. We document these violations, support survivors, create economic opportunities, advocate nationally and internationally, and build safe networks. But we cannot fight unfair laws. We need urgent structural change.
Let me conclude by saying that we are not seeking special rights. We demand only equal rights, the right to live, the right to love, the right to learn, the right to work, the right to thrive free from violence, fear and persecution. Criminalisation is violence. State-sponsored discrimination is a crime against humanity.
Decriminalisation is not a debate : it’s a requirement. For us in Nigeria, we are not victims, we are just survivors. We are organizers, we are healers and we are builders of justice. Thank you.


Français
La pénalisation de l’homosexualité au Nigéria et son impact sur la communauté LGBTQI+ dans le pays.
Bonsoir à toutes et à tous. Je vous adresse mes salutations depuis le Nigeria, où je suis la directrice exécutive de l’Initiative for Gender Equality and Sexual Reproductive Health. Il s’agit d’une organisation féministe dirigée par des jeunes, dédiée à la défense de la dignité, de la santé et des droits des minorités sexuelles et de genre, qui ont été criminalisées et déshumanisées depuis bien trop longtemps.
Un crime contre l’humanité est plus qu’une simple condamnation. Pour les personnes LGBTI au Nigeria, la criminalisation est une expérience quotidienne qui nous prive de notre humanité, limite nos déplacements, notre expression, nos relations, notre accès aux soins de santé, notre capacité à agir économiquement et notre droit d’exister.
En 2014, le Nigeria a adopté la loi sur l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe, la SSMPA, qui va bien au-delà de l’interdiction des unions homosexuelles. Elle criminalise toute forme d’association, de soutien ou de plaidoyer en faveur des droits des personnes LGBTI, avec des peines allant jusqu’à 14 ans de prison. Dans le nord du Nigeria, ces personnes risquent la peine de mort.
Cette loi est largement utilisée par la police, des milices et même des voisins pour harceler, faire chanter, arrêter et agresser des individus et des organisations LGBTQIA. Je vais partager quelques exemples documentés de violations qui se sont produites.
En juillet 2022, soixante jeunes LGBTI organisés ont été arrêtés lors d’une fête privée à Headband, dans l’État du Delta, accusés à tort d’assister à un mariage homosexuel. Ils ont été détenus, tournés en dérision et humiliés en public, violant leur vie privée, leur dignité et leur droit à la liberté d’association.
En août 2003, deux femmes transgenres ont été arrêtées à Lagos et soumises à des examens anaux forcés, une pratique condamnée par l’ONU comme une forme de torture. Personne n’a été tenu responsable de cet acte.
Dans une étude menée en 2024 par l’Equal Rights Initiative, plus de 73 % des Nigérians LGBT ont déclaré avoir subi des violences verbales, émotionnelles, physiques et sexuelles en raison de leur identité, et plus de 90 % ne l’ont pas signalé aux autorités par crainte d’être arrêtés.
En septembre 2024, des organisations au Nigeria ont été réprimées en raison de l’accord de SAMOA signé par l’Union européenne et les pays de l’OCP, dont le Nigeria. Cet accord comprenait des dispositions pour la protection des droits humains, des principes démocratiques et de l’égalité des genres, en accord avec les objectifs de développement durable des Nations Unies.
Mais voilà la contradiction. Comment un État comme le Nigeria peut-il s’engager à respecter des traités internationaux tout en continuant à poursuivre ses propres citoyens en fonction de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre ? Comment parler de partenariat et de progrès lorsque nos communautés sont exclues de l’éducation, des soins de santé, de l’emploi et de la justice, simplement en raison de ce qu’elles sont ?
Le gouvernement nigérian a affirmé que l’accord de SAMOA porte atteinte à ses valeurs culturelles, mais il ne reconnaît pas qu’il n’existe aucune culture au monde qui légitime la violence. La culture ne doit pas être utilisée comme une arme pour justifier la criminalisation. La souveraineté ne doit pas être un prétexte pour couvrir une oppression systématique.
Notre organisation s’efforce de ne pas rester silencieuse. Nous documentons ces violations, soutenons les survivants, créons des opportunités économiques, faisons du plaidoyer aux niveaux national et international et construisons des réseaux sûrs. Mais nous ne pouvons pas lutter seuls contre des lois injustes. Nous avons besoin d’un changement structurel urgent.
Pour conclure, je veux dire clairement que nous ne réclamons pas de droits spéciaux. Nous exigeons seulement l’égalité des droits : le droit de vivre, d’aimer, d’apprendre, de travailler et de s’épanouir, à l’abri de la violence, de la peur et de la persécution. La criminalisation est une violence. La discrimination organisée par l’État est un crime contre l’humanité.
La dépénalisation n’est pas un débat, c’est une nécessité. Pour nous, au Nigeria, nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des survivants. Nous sommes des organisateurs, des guérisseurs et des bâtisseurs de justice. Merci.
