Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Zambie

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La persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Zambie se traduit par des arrestations fréquentes, des lourdes peines de prison, des violences policières, des tests anaux forcés, et des humiliations publiques, illustrant un climat de discrimination et de répression persistant envers la communauté LGBTQ+.

1. Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Zambie : données générales

Entre 2013 et 2023, en Zambie, ILGA World a documenté au moins 16 exemples d’application de lois pénales contre des personnes LGBTQI, bien que ce chiffre soit probablement en deçà de la réalité.

En 1998, le vice-président Christon Tembo a publiquement affirmé que la loi serait appliquée contre les personnes qui promeuvent les droits des homosexuels, ce qui a encouragé les forces de police à prendre des mesures répressives. Cette attitude persiste sous la présidence d’Edgar Lungu, qui a dirigé le pays de 2015 à 2021, en qualifiant l’homosexualité de « non biblique » et en soutenant la criminalisation. Le contingent chrétien évangélique reste une force influente dans la politique zambienne. Même après l’accession au pouvoir de Hichilema en 2021, l’opposition aux droits des homosexuels demeure, malgré quelques critiques, notamment celle du président de la Commission zambienne des droits de l’homme en septembre 2022, qui a appelé à mettre fin à la « campagne de haine vicieuse » contre la communauté LGBTQI, mais en reconnaissant néanmoins l’illégalité de la pratique de l’homosexualité en Zambie.

2. Arrestations et lourdes peines de prison

De très lourdes peines de prisons sont infligées à des individus pour des arrestations liées à leur orientation sexuelle et/ou à leur identité de genre.

« L’une des affaires récentes les plus médiatisées à quitter le pays a été une peine de 15 ans de prison infligée à un couple reconnu coupable en 2018 d’« actes contre nature ». En ce qui concerne la longue peine de prison, des groupes locaux tels que l’Initiative des jeunes leaders africains de Zambie (YALI) ont déclaré que le couple avait bénéficié de la « clémence » du juge chargé de la détermination de la peine, « qui a administré la peine minimale de 15 ans alors qu’il aurait pu opter pour la peine maximale de prison à vie ». »

« En septembre 2022, le ministre zambien de l’Intérieur, Jacob Mwiimbu, a soumis une lettre au président du Parlement comprenant une ventilation d’un « total de dix-huit cas de sodomie à travers le pays » entre le 1er janvier et le 20 septembre de cette année-là. Sur les 18 cas reconnus, Mwiimbu affirme que 15 arrestations ont été effectuées, dont trois faisaient l’objet d’une enquête à l’époque et une avait abouti à une peine de huit ans de prison assortie de travaux forcés. »

3. Violences policières, détentions arbitraires et extorsion

En 2023, l’African Trans Women’s Alliance a partagé avec ILGA World que de nombreuses femmes trans sont fréquemment confrontées à des cas de force policière brutale et de détentions illégales, souvent liées à des crimes non passibles d’inculpation, pour lesquels elles sont parfois forcées de payer des pots-de-vin pour leur libération.

« Entre juin 2022 et juin 2023, trois femmes trans ont été arrêtées par la police dans le cadre d’une série d’incidents distincts. Deux d’entre elles ont été relâchées après avoir versé des pots-de-vin. Au moins une d’entre elles a été arrêtée à deux reprises et harcelée par la police à de nombreuses reprises au cours de cette période. »

4. Tests anaux forcés

Les tests anaux sont fréquemment utilisés comme preuves d’actes homosexuels.

« En avril 2013, deux hommes ont été arrêtés et inculpés d’actes homosexuels, et ont été détenus pendant plusieurs jours avant d’être libérés sous caution. Ils ont été arrêtés à nouveau quatre jours plus tard, après qu’un voisin a porté plainte auprès de la police. Les détails de l’affaire restent flous, bien qu’un verdict devait être rendu en juin 2014, mais le magistrat en charge de l’affaire ne s’est pas présenté. Les deux hommes ont ensuite été acquittés, le magistrat déclarant que les policiers n’avaient pas réussi à prouver leur cas par un examen anal. »

5. Humiliations publiques  

Dès 2000, ILGA Panafrica a observé cette tendance, dans laquelle les accusé.es, en particulier les personnes trans et de diverses identités de genre, sont publiquement humiliées et révélées par les médias, même si les poursuites sont abandonnées faute de preuves.

« Le 3 février 2021, un média zambien a publié dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux des images de deux femmes accusées d’avoir eu des relations sexuelles entre personnes de même sexe. Il s’agirait d’étudiantes en soins infirmiers recherchées par la police. Au moment de la publication de cet article, aucune autre information n’a pu être trouvée sur les procédures policières ou la sécurité des femmes accusées. »

Ressources :