Les persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité au Nigéria se manifeste à travers des arrestations massives, des raids ciblés, des violences policières, des actes d’extorsion, des condamnations à mort potentielles et des violences extra-judiciaires.
1. Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité au Nigéria : Données générales
Entre 2002 et 2023, ILGA World a identifié et rassemblé plus de 80 exemples individuels d’application de la loi pénale et d’attaques, dont beaucoup impliquent plusieurs victimes, bien que le nombre réel d’incidents soit certainement beaucoup plus élevé. Dans les dernières années, il y a eu de nombreux cas d’arrestations de masse, de raids, de violence et d’extorsion par les autorités à travers l’État à l’encontre des individus et des groupes LGBTQ+.
2. Arrestations
Apres l’entrée en vigueur de la loi sur l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe en 2014, il a été suggéré que les arrestations ont fortement augmenté. En outre, le nombre d’arrestations et de détentions de jeunes sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre, réelles ou supposées, avait augmenté.
Des défenseur.es des droits humains ont également déclaré à Amnesty International que la police de l’État de Bauchi, dans le nord du pays, après l’entrée en vigueur de la loi, avait arrêté 38 homosexuels présumés et dressé une liste d’au moins 167 autres candidats à arrêter.
Le nombre d’arrestations reste très haut ces dernières années.
Le Corps de défense et de sécurité civile nigérian (NSCDC) de l’État de Jigawa a affirmé qu’entre janvier et juillet 2020, il avait arrêté plus de 60 personnes pour divers chefs d’accusation, dont la sodomie, bien que l’on ne sache pas combien de personnes arrêtées ont été spécifiquement ciblées pour des actes sexuels consentis entre personnes de même sexe.
3. Raids et arrestations de masse
De très nombreux cas de raids et d’arrestations de masse ont été rapportés ces dernières années au Nigéria. La police cible des lieux et des évènements potentiellement fréquentés par des personnes LGBTQ+, et procèdent à des arrestations massives.
« En août 2018, 57 personnes ont été arrêtées pour homosexualité dans un hôtel de Lagos. Des témoins et des fêtards ont déclaré qu’ils étaient venus à l’hôtel pour assister à un mariage et à une fête d’anniversaire. La police a fait une descente dans l’hôtel, n’arrêtant que les hommes présents et les déclarant homosexuels. La police a affirmé qu’il s’agissait d’une « cérémonie d’initiation gay », bien que les participants aient nié cela, affirmant qu’il ne s’agissait que d’une fête d’anniversaire. Les hommes ont ensuite été libérés sous caution. »
4. Violences policières
Selon une étude récente, depuis l’adoption de la Loi sur l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe en 2014, la violence contre les Nigérians LGBTIQ+ a augmenté de 214%, la police étant parmi les principaux auteurs.
5. Extorsion et pièges policiers
La police au Nigeria est souvent accusée de pratiquer l’extorsion envers des personnes LGBTQ+, notamment à travers des pots-de-vin et des cautions extrêmement élevées exigées pour obtenir sa libération. Aussi, le piégeage des hommes homosexuels par la police semble être une tactique courante. En effet, les agents arrêtent les personnes soupçonnées d’être homosexuelles, et utilisent ensuite leurs contacts téléphoniques pour organiser des rencontres et les arrêter.
6. Condamnations à mort
La législation nigériane criminalise les actes sexuels consensuels entre personnes de même sexe dans tout le pays, avec la possibilité d’une exécution par des tribunaux de la charia dans 12 États du nord. Cependant, les condamnations à mort semblent avoir été rarement exécutées. Les processus et les résultats de ces tribunaux demeurent difficiles d’accès.
7. Violence extra-judiciaire
Au Nigeria, depuis des années, la violence extra-judiciaire à l’encontre des personnes LGBTQ+ est malheureusement fréquente, comme en témoignent plusieurs incidents très graves.
« Lors d’un procès pour sodomie qui s’est tenu en janvier 2014 à la Haute Cour de la charia de Tudun Alkali dans l’État de Bauchi, une foule en colère a pris d’assaut les locaux pour exiger que l’accusé soit condamné à mort. L’émeute, au cours de laquelle les accusés ont été lapidés, a dû être dispersée avec des gaz lacrymogènes par la police ».
« Le 30 mai 2022, des membres de la communauté de l’État de Bayelsa ont identifié un homme qui serait un policier comme étant un acteur pornographique gay. L’homme a été violemment fouetté et battu par une foule en colère. Ses agresseurs l’auraient fait défiler presque nu jusqu’au poste de police et lui auraient crié des insultes homophobes en cours de route ».
8. Revictimisation
Au Nigeria, l’accès à la justice pour les victimes de violences ou d’agressions homophobes reste extrêmement difficile. Les victimes qui se tournent vers les forces de l’ordre prennent le risque d’être elles-mêmes arrêtées.
Un autre exemple clair s’est produit dans l’État du Delta :
« En 2022, une travailleuse du sexe transgenre a donné l’alerte à la police après que deux hommes ont menacé de la violer, ce qui a entraîné sa propre arrestation. »
Ressources :
- “Nos identités en état d’arrestation”, rapport de l’ILGA de 2023: https://ilga.org/severe-spikes-arrests-prosecutions-lgbt-gender-diverse-people-2023
- State Sponsored Homophobia, rapport de l’ILGA de 2021: https://ilga.org/downloads/ILGA_World_State_Sponsored_Homophobia_report_global_legislation_overview_update_December_2020.pdf
- Rapport de l’ILGA en Français, « Nos identités en état d’arrestation »