Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Jamaïque

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En Jamaïque, les personnes LGBTQ+ sont confrontées à une violence policière généralisée, à des extorsions fréquentes, et à une intolérance sociale exacerbée par des violences extrajudiciaires, illustrant les risques constants pour leur sécurité et leur dignité sous la législation pénale discriminatoire du pays.

1. Données générales

Entre 1999 et 2023, ILGA World a documenté au moins neuf cas d’application de la loi pénale ou de persécution par la police en raison de la législation pénale. En 2022 et au premier semestre 2023, 24 cas d’abus à l’encontre de personnes LGBT+ avaient été signalés, chacun d’entre eux comportant de multiples violations des droits humains. Ces violations comprenaient, sans s’y limiter, la violence collective, les agressions sexuelles, l’expulsion des communautés locales et la discrimination policière.

2. Violence policière 

En Jamaïque, la violence policière envers les personnes LGBTQ+ est considérée comme très répandue. La police est généralement considérée comme peu fiable dans la lutte contre les violences faites aux personnes en raison de leur orientation sexuelle et/ou identité de genre réelles ou supposées. En effet, soit elle ferme les yeux sur la violence, soit elle l’exacerbe activement, comme le montre cet exemple :

« En janvier 2013, la police a arrêté un homme gay après qu’il eut été violemment agressé par une foule homophobe à Sainte-Anne. La police l’a frappé dans le véhicule qui le transportait au poste et l’a menotté toute la nuit. Ils l’ont relâché le lendemain matin et lui ont simplement dit d’aller à l’église ».

3. Extorsions

L’utilisation des lois criminalisantes par la police pour extorquer ou menacer des personnes soupçonnées d’appartenir à la communauté LGBTQ+ n’est que trop courante en Jamaïque. Ces situations mettent en évidence les risques pour la sécurité et la dignité auxquels ces dispositions exposent les personnes de diverses orientations sexuelles et identités de genre, même si les arrestations et les poursuites officielles restent rares.

« En 2010, la police a menacé d’arrêter deux femmes lesbiennes dans la grande région de Portmore lorsqu’elles ont été retrouvées ensemble dans une voiture garée. Elles ont payé un pot-de-vin de 5 000 dollars jamaïcains (45 US dollars) pour être autorisées à être libérées ».

« En septembre 2012, la police s’est approchée de deux hommes qui étaient assis ensemble dans une voiture garée, soupçonnés d’être homosexuels. Ils ont exigé un pot-de-vin de plus de 50 000 dollars jamaïcains (445 US dollars) pour permettre aux hommes de partir en liberté sans être arrêtés ».

4. Intolérance sociale et violence extrajudiciaire

Les personnes LGBTQ+ sont stigmatisées et marginalisées en Jamaïque. Bien que la loi ne fasse pas directement référence aux personnes transgenres, les femmes transgenres et les hommes homosexuels sont souvent confondus. Par conséquent, les personnes transgenres et de diverses identités de genre sont plus susceptibles d’être victimes de violence et de discrimination en raison de leur expression de genre. De plus, la Jamaïque ne fait pas de distinction entre la « sodomie » consensuelle et non consensuelle dans la loi, ce qui montre la marginalisation à laquelle sont confrontées les personnes qui ont des relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe. Les signalements de violences extrajudiciaires ou communautaires à l’encontre de femmes transgenres, d’hommes homosexuels et d’autres personnes faisant partie de la communauté LGBTQ+ sont monnaie courante en Jamaïque.

Ressources :