Les persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Indonésie se manifestent par une série de persécutions, notamment des arrestations, des violences policières, des arrestations de masse, des thérapies de conversion forcées, des expulsions forcées, et des sanctions publiques telles que la flagellation dans la province d’Aceh où la charia est appliquée pour les personnes LGBTQ+.
1. Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Indonésie : données générales
ILGA World a cité 28 exemples d’application de la loi à travers le pays entre 2007 et 2023. Il est important de noter qu’en Indonésie, la diversité et la taille du pays ont conduit à l’adoption de lois spécifiques sur les questions liées à l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre par différentes régions autonomes. Dans des régions comme Aceh et Sumatra du Sud en Indonésie, des lois anti-LGBTQ+ ont été adoptées, et cette tendance se retrouve dans d’autres parties du pays. Des militant.es locaux ont signalé à ILGA World une préoccupation croissante concernant une « criminalisation progressive » dans un contexte de montée du conservatisme. En 2020, à Palembang, des couples queer ont été arrêtés puis libérés, car la ville n’avait pas encore de réglementation locale LGBTQ+, mais il est sous-entendu qu’une telle réglementation pourrait être adoptée à l’avenir.
En 2019, l’Indonésie a examiné un projet de loi sur le Code pénal incluant des dispositions criminalisant les relations sexuelles extraconjugales et homosexuelles, suscitant des protestations nationales. Malgré les critiques, le Parlement a adopté le Code en décembre 2022, et son impact sur les communautés LGBTQ+ est pour le moment difficile à évaluer.
Il a été rapporté que l’environnement est « de plus en plus hostile » dans le pays à l’égard des personnes ayant des orientations sexuelles, des identités de genre et des expressions de genre diverses.
2. Arrestations et détentions arbitraires
Plusieurs cas d’arrestations de personnes en raison de leur orientation sexuelles, identité de genre et/ou expression de genre ont été documentés ces dernières années en Indonésie. En voici un exemple :
« En avril 2021, deux hommes auraient été arrêtés, après s’être prétendument « embrassés » dans une voiture dans la ville de Palangka Raya. Apparemment, une patrouille de police n’a arrêté les deux hommes qu’après qu’une fouille de leurs effets personnels ait permis de vérifier que les accusés étaient homosexuels. Selon des rapports locaux, cela a pris la forme de messages érotiques sur leurs téléphones portables et de preuves que les deux faisaient partie d’un groupe communautaire local SOGIESC ».
3. Violences policières
Il a été rapporté que lorsque des personnes sont attaquées sur le fondement de leur identité de genre, expression de genre ou orientation sexuelle, elles sont confrontées à des niveaux disproportionnés de détention arbitraire, d’abus sexuels, de violence en détention et d’autres formes de discrimination.
4. Arrestations de masse
Les autorités indonésiennes ont mené des arrestations de masse dans le cadre de raids visant les personnes LGBTQ+. En 2023, le maire de Pekanbaru a ajouté que les raids faisaient partie de mesures « persuasives » et « préventives » en cours visant à contrer l’influence des personnes LGBTQ +. Pour sa part, le gouverneur de la province de Riau, dont Pekanbaru est la capitale, a exhorté les autorités à imposer des sanctions strictes aux personnes LGBTQ+.
« Le 21 mai 2017, la police de Jakarta, la capitale, a fait une descente dans un « sex club » et arrêté 141 hommes. Bien que la plupart aient été libérés, 10 ont été accusés d’avoir enfreint la législation anti-pornographie du pays et condamnés à trois ans de prison ».
« Le 28 mai 2023, l’unité de police de l’administration publique de la ville de Pekanbaru et le poste de police de Sukajadi ont arrêté 73 personnes lors de raids conjoints à travers la ville. Environ huit personnes ont été arrêtées pour possession de « couteaux » et de stupéfiants, et beaucoup ont été identifiées comme des travailleuses du sexe présumées, mais certaines des personnes arrêtées « étaient fortement soupçonnées d’être lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres ».
5. Intolérance sociale et thérapies de conversions
En raison des attitudes négatives de la société envers les personnes LGBTQ+, certaines sont contraintes par les autorités, leur famille ou la pression sociale à subir des « thérapies de conversion » nuisibles et discréditées. À cet égard, la Direction de la réadaptation sociale pour les problèmes sociaux et les victimes de la traite des êtres humains du Ministère des affaires sociales a un programme qui offre une « réadaptation » aux personnes classées comme « socialement dysfonctionnelles ». Les femmes trans sont régulièrement catégorisées comme telles, ce qui permet à la police de la fonction publique de les arrêter lors de raids et de les envoyer à des « conseils psychosociaux, mentaux et spirituels ».
6. Persécutions liées à la pénalisation de l’homosexualité en Indonésie : expulsions forcées
Dans un rapport de 2013 sur l’Indonésie, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit au logement a noté une tendance aux expulsions forcées de personnes LGBTQ+ dans le pays.
« Le 2 septembre 2017, la police a perquisitionné les domiciles de 12 « lesbiennes présumées » dans le village de Tugu Jaya, dans la province du Java occidental. C’était apparemment en réponse aux plaintes des groupes de jeunes islamiques locaux et des chefs religieux selon lesquelles la cohabitation des femmes était « contraire aux enseignements de l’islam ». Les données des femmes ont été enregistrées et on leur a donné trois jours pour quitter la juridiction. Les autorités ont justifié l’expulsion forcée par le fait que « leur présence avait créé des troubles publics dans la région » ».
7. Application de la charia dans la province d’Aceh
En Indonésie, la province d’Aceh se distingue comme la seule région du pays où la charia est appliquée. Sous cette législation, de nombreuses arrestations ont lieu, et les sanctions publiques sont fréquentes, comprenant notamment la flagellation. Les personnes LGBTQ+ sont souvent ciblées par ces pratiques punitives, étant condamnées à recevoir des coups de fouet devant un public.
« Début 2021, il a été signalé que deux hommes homosexuels avaient été arrêtés dans la province d’Aceh, soupçonnés d’être en couple et de se livrer à des relations sexuelles consensuelles. Le couple a été soumis à la flagellation comme punition. Selon les médias, ils ont chacun reçu environ 80 coups de fouet ».
Ressources :
- “Nos identités en état d’arrestation”, rapport de l’ILGA de 2023: https://ilga.org/severe-spikes-arrests-prosecutions-lgbt-gender-diverse-people-2023
- State Sponsored Homophobia, rapport de l’ILGA de 2021: https://ilga.org/downloads/ILGA_World_State_Sponsored_Homophobia_report_global_legislation_overview_update_December_2020.pdf
- Rapport de l’ILGA en Français, « Nos identités en état d’arrestation »