En Éthiopie, les personnes LGBTQ+ font face à des persécutions généralisées, comprenant des arrestations arbitraires, des violences policières, des attaques de la part de la population et une intolérance sociale profondément enracinée, exacerbée par l’absence de justice et le climat de peur et de violence.
1. Données générales
ILGA World a identifié pas moins de neuf exemples d’application de la loi pénale entre 2014 et 2023. Cependant, ce chiffre extrêmement bas n’est en aucun cas le reflet de la situation des personnes LGBTQ+ en Ethiopie. En effet, la plupart des cas ne sont pas signalés ou ne sont pas documentés, et les dossiers judiciaires ne sont pas accessibles. La peur de la stigmatisation et de la discrimination au sein de leur propre communauté empêche la plupart des membres LGBTQ+ de signaler ces incidents, car iels peuvent être considéré.es comme des menaces pouvant exposer d’autres personnes. La justice populaire est répandue en Éthiopie, en particulier à Addis-Abeba, et de nombreux incidents ne sont jamais signalés à la police en raison de l’absence de justice pour les personnes LGBTQ+. Certains cas ont tout de même été rapportés par des gens de la communauté, des allié.es ou encore par des victimes.
En 2023, plusieurs activistes ont informé ILGA World d’une recrudescence sans précédent de la violence et de l’incitation à la violence en Éthiopie depuis juillet, contraignant de nombreux groupes à suspendre temporairement leurs activités.
2. Arrestations et détentions arbitraires
Plusieurs cas d’arrestations de personnes en raison de leur identité de genre et/ou de leur orientation sexuelle réelle ou supposée ont été rapportés. Il est noté que les hommes homosexuels sont souvent profilés et ciblés parce qu’ils sont soupçonnés d’être des pédophiles.
« En janvier 2020, un autre homosexuel a été arrêté pour suspicion de pédophilie et détenu pendant un mois, mais a finalement été relâché car il n’y avait aucune preuve de l’accusation ».
« En janvier 2020, à Adama, deux hommes ont été arrêtés pour « apparence homosexuelle » et détenus pendant trois jours. Pendant leur détention, ils auraient été battus par les autres détenus ».
« À Addis-Abeba, en janvier 2021, deux hommes ont été détenus par la police pendant six jours pour avoir « semblé homosexuels ». Après leur libération, la police les a révélés à leurs familles, ce qui a incité l’un d’entre eux à se suicider ».
3. Violences policières
Malgré la rareté des cas rapportés, il est clair que la police n’hésite pas à faire l’usage de la violence, physique et parfois même sexuelle, envers des personnes LGBTQ+.
« Des militant.es ont déclaré à ILGA World qu’en février 2021, la police avait « violé » et arrêté une personne queer, l’incitant à se cacher et à demander l’asile ».
« Une autre personne a été attaquée et arrêtée de la même manière en mai 2021, puis s’est également cachée et a entamé la procédure de demande d’asile ».
4. Intolérance sociale et violence extrajudiciaire
Il a été rapporté qu’il existe des centaines d’histoires de personnes LGBTQ+ attaquées et battues par une foule dans les rues pour avoir prétendument semblé « gay » en Ethiopie.
Ressources :
- “Nos identités en état d’arrestation”, rapport de l’ILGA de 2023: https://ilga.org/severe-spikes-arrests-prosecutions-lgbt-gender-diverse-people-2023
- State Sponsored Homophobia, rapport de l’ILGA de 2021: https://ilga.org/downloads/ILGA_World_State_Sponsored_Homophobia_report_global_legislation_overview_update_December_2020.pdf
- Rapport de l’ILGA en Français, « Nos identités en état d’arrestation »